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Le sanglorêt, une chimère actrice du paysage du Blayais

D'une enquête socio-écologique au Sanglorêt.

Une enquête territoriale

Carte paysagère du Blayais :

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Notre enquête débute loin dans les terres de la CCB, entre deux communes : Saugon et Saint-Christoly-de-Blaye, où une habitante nous parle du sanglier.

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La gérante du tabac de Saugon, une piste inattendue:

 

Gérante du tabac de Saugon, cette commerçante est le point de départ de notre enquête. Étant le centre d'activité du village, elle connait les acteurs alentours et récolte les informations de tous les riverains.

Mieux qu'un office du tourisme, nous avions trouvé notre guide.

Carte de la CCB :

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Secteur d'étude

Carte de la Double saintongeaise :

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La Double saintongeaise est une région forestière française située au sud du département de la Charente-Maritime et au nord de la Gironde. Apparue par un reboisement de pin maritime sous le second Empire, c'est la partie occidentale de la grande forêt de la Double.

Dans les contrées lointaines du Blayais, on parle d'une créature, d'un animal ravageur, destructeur et diffuseur de maladies. Mais quelle est réellement cette légende ? 

Nous, les "chimères paysagères", sommes allés sur la piste du sanglier. Notre enquête a pour but d'étudier son comportement, son mode de vie; de connaître ses liens avec les activités humaine; mais surtout, de comprendre la manière dont il façonne SES paysages.

Le sanglier et les habitants du blayais
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Loïc Sarazin, chasseur de palombes:

 

Propriétaire d'une parcelle de 5200m² à quelques centaines de mètres de sa maison, il applique une gestion à son bois. Cette gestion concerne le "nettoyage" de la strate buissonnante, ce qui permet de retrouver les palombes tombées au sol, mais aussi de ne pas offrir un dortoir au sanglier. Ce qui l'embête, c'est plutôt le chevreuil qui se frotte contre les jeunes pousses d'arbres et les tuent. Il autorise les chasseurs à venir chasser sur sa parcelle, notamment le sanglier, mais a une gestion de la population de ce dernier pour ne pas tous les exterminer. Il a par exemple arrêté la chasse pendant plusieurs semaines après qu'un sanglier ait donné naissance pour ne pas tuer la mère par accident, ce qui entraînerait la mort de toute la portée de marcassins.

Outre la palombe, Loïc Sarazin observe par des caméras la diversité de la faune qui habite son bois: sanglier, chevreuil, blaireau, renard...

SAUGON

Un habitant pas si mécontent
Un chasseur observateur

L'éleveur bovin:

 

"A l’époque, ce sol était un milieu humide, qu’on a asséché, en plantant par exemple des forêts de pins de part et d’autre du territoire, pour pouvoir cultiver la terre. Dans ces terres, on cultivait principalement du maïs ou d’autres céréales.


Mais à la fin je dirais du 20ème siècle, un certain nombre de cultures ont été abandonnées, à cause notamment de l’exode rural, ou de la motorisation, avec la création de l’autoroute A10 dans les années 60 si ma mémoire est bonne. Pourquoi la motorisation tu me dis ? C’est parce qu'à l’époque on utilisait la charrette à cheval pour exporter les denrées, donc ni loin, ni en grande quantité, beaucoup avaient leur petite parcelle et cultivaient en autarcie, et l’arrivée de la motorisation a transformé l’économie agricole.


Parallèlement à ça, le sanglier lui s’est multiplié et a causé des ravages dans les cultures céréalières, au point où on a été forcés d'abandonner ces cultures par soucis de rendement. Maintenant, l’éleveur bovin que je suis se fait livrer le blé pour ses bêtes."

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Un agriculteur devenu éleveur

SAINT-CHRISTOLY-DE-BLAYE

La voix des habitants:

Le sanglier ne vient pas vraiment au centre du village. En revanche il est parfois percuté sur les routes en sortant brusquement de la forêt.  Il mange aussi les cultures telles que les pommes de terre semées dans les jardins de particuliers. A part ça, le sanglier n’est pas un problème si important que ça sur le territoire.

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Cette première approche avec les habitants nous a permis de voir que le sanglier n'est pas la bête noire du territoire. Certes il cause quelques dégâts, mais les riverains ont l'air d'accepter sa présence et ses empreintes.

Mais comment voit-on le sanglier dans le monde ?

De guerrier à gibier...

Deux regards opposés:

Les chasseurs chinois disent qu'il suffit d'être audacieux pour combattre un tigre, mais qu'il faut une planche pour combattre un sanglier, (la planche étant la  métaphore d'un cercueil). Il fut aussi considéré comme symbole de luxure et de désir sexuel, cela dû à sa forte reproduction.

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Dans la mythologie chinoise, le sanglier prône la force physique. Il est décrit comme brave, explosif et sprinteur avec un dicton chinois: "Sanglier s'élance courageusement".

Sanglier dans un bois enneigé ,

Alexandra Chan, 2019

Cette estampe à été illustrée pour le calendrier du zodiaque de l’année 2019, ce qui montre sa place impotante dans la culture chinoise.

C’est en Europe, en période médiévale, qu’il va y avoir un changement de vision dû à la montée du christianisme.

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Photographie d'un sanglier en carreaux de céramique du 18ème siècle de l'Église Chiesa San Michele, à Anacapri, par Thierry Jamard

Les pères de l’Église ont transformé le sanglier, tant admiré des chasseurs romains, des druides celtes et des guerriers germains en une bête impure et effrayante, ennemie du Bien, image de l’homme pécheur et révolté contre son Dieu. Depuis, les connotations sont devenues négatives dans la culture occidentale, défini principalement comme stupide, malpropre…

Plus récemment, le sanglier est devenu l'un des gibiers les plus chassés. 

C'est à cause de sa fécondité très élevée et de ses capacités d'adaptation qu'il s'est avéré très envahissant, surtout que durant les décennies 1980 et 1990 les chasseurs ont élevé et relâché des dizaines de milliers de sangliers.
De plus, les deux principaux régulateurs des espèces, la nourriture et la prédation, n’existent presque plus car ils ont un accès largement suffisant à la nourriture et que leurs principaux prédateurs comme le loup et le lynx ont disparu. Aujourd'hui la solution est la chasse, donc on applique une gestion postérieure où on choisit de supprimer le surplus, plutôt que de modifier nos comportements qui en sont à l'origine.

Enquête éthologique, l'animal et ses milieux

Le sanglier est un animal sauvage, connu de tous, avec un lexique qui lui est propre.

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Au cours de sa journée, le sanglier laisse derière lui de nombreuses traces.

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Empreinte :

Les empreintes du sanglier sont très reconnaissables et se joignent souvent avec celles  des chevreuils, preuve du passage d'une faune multiple.

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Coulée :

Les sangliers se déplacent en groupes, appelés compagnies, et utilisent les mêmes sentiers. Leur passage marque le paysage en mettant le sol à nu.

Cette carte met en évidence le passage du sanglier et ses milieux. Pour chaque milieu, une vidéo reproduit le paysage tel qu'il est perçu par le sanglier.

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Carte des milieux

La faune est actrice de la transformation du paysage et du territoire du Blayais. Plus que ça,  le sanglier et ses milieux ne sont en réalité qu'un tout au bon fonctionnement cyclique de cet écosystème. Symbiose ? Super-organisme ? Nous avons décidé de parler de chimère: le SANGLORÊT.

Le Sanglorêt

Le sanglorêt est la chimère unissant le sanglier et la forêt, mais en réalité il incarne bien plus. Le sanglorêt est un être fort, courageux, qui se bat sans cesse pour ne plus subsister, mais pour exister pleinement. Derrière les destructions qu’il provoque, il sème, nettoie, aère le sol et fait apparaître les prémices d’une forêt mixte grandissante.

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Il représente le grand défenseur de la biodiversité,  permettant à une faune et une flore riche et précieuse de se maintenir dans son ombre. Le sanglorêt accomplie sa tâche depuis des millénaires et ne cessera de se confronter à tout ceux qui détruirons son territoire.

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Nous souhaiterons faire de ce sanglorêt un symbole de compréhension entre les besoins du non humain et les activités humaines. Le sanglorêt n'est pas un frein à l'évolution du territoire, au contraire, nous avons besoin de lui pour répondre aux enjeux de notre temps et créer des paysages variés.

Un plan de relance du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire à été créé dans le but de s’adapter au climat du futur. Cela passe par la plantation de près de 50 millions d’arbres.  Le sanglier est donc un allié dans cette démarche de reforestation. Les paysages de demain doivent tendre vers plus de cohabitation humain/non humain. De plus, le sanglorêt agit sur tous les milieux, non-seulement la forêt, mais aussi les lisières, les prairies, les milieux humides, les ripisylves… C'est un véritable acteur du territoire sur lequel il faut s'appuyer.

Une table ronde  pour élaborer le "Plan Sanglorêt"

Le plan sanglorêt serait un plan de gestion du territoire qui permettrait une meilleure organisation du passage de la faune et des activités humaines. Pour cela nous souhaitons mettre en place une table ronde réunissant les acteurs du territoire tels que les agriculteurs, les forestiers, les chasseurs, les riverains et les écologues. 

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Notre rôle serait d’apporter des outils tels que notre site internet, des cartes paysagères, ou encore organiser des balades commentées. Divers ateliers peuvent être entrepris avec les acteurs.

Un premier atelier entre les forestier, les agriculteurs et les chasseurs, aurait pour but de déterminer le passage du sanglier in situ.

Un second atelier en ajoutant les écologues et les riverains permettrait d'établir des modes de gestions pour cadrer le passage de la faune, le tout dans une démarche paysagère.

 

Afin de rester dans cette démarche paysagère, nous feront des propositions de projets telles que la restauration de ponts en passage de faune, la création d’une Sanglo-piétonne et la gestion de milieux et d'écotones.

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SAUGON

SAINT-CHRISTOLY-DE-BLAYE

Élargissement des lisières
Transformation en 
éco-pont
Multiplication des clairières
Création d'une "Sanglo-piétonne"
 Forêt de Brandelotte 
Pont de l'ancienne voie ferrée

Élargissement d'une lisière

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Coupe de projet d'épaississement de la forêt:

Élargir des lisières a pour but d'empêcher le sanglier d'atteindre les prairies et les cultures. En effet, si le sanglier a une place suffisante pour répondre à ses besoins, il  préfèrera la sécurité de la forêt. Cependant, il à tout de meme besoin de clairières pour prendre des bains de soleil.

Multiplication des clairières

La préservation des clairières en forêt permet au sanglier de se nourrir et ainsi d’éviter d’aller chercher à manger dans les champs. Il est nécessaire d'avoir des arbres nourriciers autour de la clairière tel que le chêne, le châtaignier ou le noyer . 

Ces lieux ouverts offrent  lumière et protection dans un espace clos. Le sanglier peut créer voire entretenir ces clairières lorsqu’il écorce les arbres (houzures).

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Coupe d'une création de clairière

Plan d'une clairière 

Création d'un éco-pont

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Coupe de projet de végétalisation d'un pont traversant l'autoroute A10:

La végétation sur le pont serait spontanée. Une simple gestion serait appliquée pour former une friche buissonnante tout en laissant un passage accessible.

La transformation des ponts anthropiques en ponts de passage à faune est un des éléments important pour recréer des corridors écologiques et sécuriser le passage de l’autoroute. 

Un sol stabilisé permet d'avoir différents usages d’une voie verte la journée (marche, course à pied, vélo..). La nuit, la faune pourra traverser le pont en toute tranquillité avec une végétation recouvrant les barrières et la vision de l’autoroute en contrebas. 

Croquis de l'éco-pont :

Création d'une "Sanglo-piétonne"

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Coupe de projet d'une voie verte le long de l'ancienne voie ferrée 

La "Sanglo-piétonne" est longue de 3 km mais peut-être poursuivie sur toute l'ancienne voie ferrée et ainsi s'étendre sur plus 14 km. 

Cette voie à un interêt faunistique, social et pédagogique. En effet, elle offre de nouvelles strates pour une grande biodiversité. Le sanglier, comme toutes autres faunes forestières bénéficie d'un passage pour relier les trois ruisseaux sur le secteur. L'aspect social met en avant une nouvelle piste pour se promener, courrir, ou encore faire du vélo. L'interêt pédagogique est un lien entre faune et société. Elle remet en question la superiorité humaine face au non-humain. Cette voie appartient autant à l'un qu'à l'autre et les risques de confrontations ne sont pas absents. En revanche, chaque usager n'empreinte pas cette voie au même moment, ce qui rend possible cette cohabitation. La "Sanglo-piétonne" est un réel pas vers la reconsidération de l'espace et le respect de la faune.

Croquis de la voie sanglo-piétonne

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Zhenxi

Enfin, nous souhaitons réaliser une BD dans le but de rendre accessible notre étude au public. Il s’agira d’un document de récit d’expérience du projet. 

Une bande dessinée  comme recueil d'expérience

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Notre bande dessinée s’appuiera à la fois sur notre entrée chimérique du lieu et sur notre travail de recherche. La BD est un moyen fort pour véhiculer des idées, de se mettre à l’écoute, pour suivre le résonnement de l’auteur, et donc de faire évoluer les mentalités en nous questionnant et en proposant une autre vision des choses ; la BD instruit.

La BD a aussi l’avantage de parler à un public de tout âge, et de se transmettre facilement.

Elle représente un outil de compréhension du sanglier.
À travers cette BD, nous voulons faire comprendre aux lecteurs que le sanglier n’est pas une bête de destruction, mais de restauration de la nature. Il faut voir le travail du sanglier comme un service de la nature à la revégétalisation et au maintien de la biodiversité.

L’objectif est aussi de montrer que le conflit entre l’Homme et le sanglier n’est aucunement nécessaire. Il faut promouvoir une approche, au mieux de cohabitation, si ce n’est de respect des milieux de vie de chacun.

Synopsis : Gabriel a été bercé depuis tout petit à l’idée qu’un grand mal sort de la forêt pour ravager leurs terres. Une idée transmise par son père, un illustre chasseur, qu’il souhaite rendre fier. Alors âgé de 14 ans, il décide seul de partir dans la forêt, armé d’un fusil pour abattre ce mal, incarné par le sanglier. En s’enfonçant dans la forêt il trouve enfin un de ces monstres, dormant paisiblement. Mais avant que son coup ne retentisse, une silhouette le propulse à terre violemment. Se découvre finalement derrière un masque de boue une fillette, à vue de nez du même âge, nommé Lou, prétendue fille de sanglier. D’une curiosité mutuelle, l’un pour ses différences, l’autre pour ses ressemblances, naît une amitié se basant sur l’apprentissage du mode de vie du sanglier, par l’intermédiaire de Lou. Au fur et à mesure de ses péripéties parmi les sangliers et de sa rencontre avec leur divinité, le sanglorêt, Gabriel tire un trait sur ses croyance passées. Mais pour la suite, comment son père va-t-il réagir ? va-t-il affronter pour de bon ce prétendu mal qui corrompt son fils, ou va-t-il comprendre et accepter la cohabitation entre ces deux espèces… ? Un choix qui pourrait mettre fin à la longue guerre entre l’homme et le sanglier.

Le Sanglorêt est un cas d'étude. Au sein du Blayais, d'autres chimères associant des animaux et leurs milieux peuvent être source de multiples problématiques: le Vignoxéra, le Meaustique, ou encore le Rosard.

Rosard

Vignoxéra

Meaustique

Pour conclure, tout comme le sanglier, les autres non-humains possèdent des propriétés distinctes.

Il faut s'appuyer sur ces animaux et cohabiter pour faire évoluer le territoire vers des paysages qui répondent aux enjeux de demain.

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Mathis FEIRRERA, Célia JEANMICHEL, Zhenxi LI, Paul NENERT, Bastien SALMON

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