top of page

Les trames paysagères

Carte paysagère

Carte paysagère de la communauté de commune de Blaye, 7 octobre 2022

La communauté de communes de Blaye se situe au nord du département de la Gironde et regroupe 20 communes.

Notre première approche de la communauté de commune de Blaye s’est faite à travers une carte paysagère. Cette dernière est le reflet de notre perception et de nos observations du territoire lors de nos premières sessions de terrain. Nous avons souhaité mettre en avant à travers notre carte les dynamiques paysagères de ces territoires, que ce soit la fermeture de certains milieux ou l’enfrichement des vignes dû à l’abandon de certaines parcelles.

D'autre part, lors de sa réalisation nous avons eu des difficultés à créer des transitions entre les paysages et à rendre compte des reliefs. A partir de ces questionnements sur ces interrelations et ces dynamiques nous avons choisi de focaliser notre étude sur les trames paysagères.

Vers la notion de trames paysagères

Premièrement, nous avons été confronté à la notion de corridor écologique, qui sont des reliant fonctionnellement . Majoritairement employée par les écologues, elle ne permet pas de rendre compte des complexités paysagères existantes.

Réservoir de biodiversité

Corridor écologique

Cette question a depuis été intégrée dans les politiques d'aménagement et notamment dans les Schémas de Cohérence territoriale (SCOT) et le plan local d’urbanisme (PLU) sous les terme de "trame verte et bleue" (TVB). Cependant, les trames vertes et bleues sont directement liées à des réglementations d’urbanisation et sont des outils inscrits dans les décisions d’aménagement du territoire.

Ainsi, les TVB ne rendent pas compte de la forme et des dynamiques de ces continuités dans le territoire, c’est pourquoi notre étude a évolué vers la notion de trames paysagère, mutualisant les différents aspects du paysage.

Qu'est-ce qu'une trame paysagère ?

Bloc paysager illustrant les différentes trames paysagères, d'après

"Arbre des champs" par Philippe Pointereau et Didier Bazile.

Nous définissons les trames paysagères comme les continuités linéaires ou ponctuelles traversant les habitats. Celà rassemble les cours d’eau, les haies, les arbres isolés, les bosquets et tout autres espaces naturels ou semi-naturels permettant de connecter les milieux entre eux. Ces transitions jouent un rôle essentiel dans le maintien des fonctionnalités biologiques et sociales et dans la qualité des paysages.

La vallée du Grenet

Contexte et situation

Carte situant la vallée du Grenet dans la communauté de commune de Blaye

Afin de se rendre compte de la réalité de ces trames paysagères sur le terrain, nous avons observé les cartes du Scot (Schéma de cohérence territorial) pour identifier une vallée regroupant différents types de corridors et offrant des dynamiques paysagères diverses. Ainsi, la vallée du Grenet est un cas d’étude intéressant, où se rencontrent des corridors écologiques à préserver, des corridors à remettre en bon état et des réservoirs de biodiversité.

Légende

Le bassin versant du Grenet par le Scot

Sous trame des milieux forestiers du SCoT de la Haute Gironde Blaye-Estuaire

Saint-Ciers-de-Canesse

Comps

Roque de Thau

Gauriac

Villeneuve

Ruisseau des Fontenelles

Ruisseau de la Chapelle

Ruisseau du Rousselet

Le Grenet

Bloc diagramme paysager de la vallée du Grenet

Ce bloc diagramme permet de mieux comprendre la situation de la vallée, ses reliefs et l'écoulement de son ruisseau, le Grenet. Ce dernier prend sa source en amont où ses trois affluents débutent leur descente vers l'estuaire. Ils se joignent ensuite à deux reprises formant à la deuxième confluence le début du Grenet qui prend fin en se jetant au port de Roque de Thau, dans l'estuaire de la Gironde.

La vallée du Grenet

De 1950 à aujourd'hui

Pour comprendre les dynamiques évolutives des trames paysagères de la vallée du Grenet, nous avons réalisé un travail de comparaison des vues aériennes de 1950 à aujourd'hui.

Haies, arbres isolés, bosquets, ripisylves

Forêts et micro boisements

Le Grenet et ses affluents

Vue aérienne illustrant les trames paysagères de la vallée du Grenet en 1950. Source Géoportail

Vue aérienne illustrant les trames paysagères de la vallée du Grenet aujourd'hui. Source Géoportail

Avec le temps il est possible d'observer un recul des superficies agricoles utilisées (SAU) et un accroissement des surfaces forestières, principalement en fond de vallée au contact du ruisseau. Ces boisements ont pu être impulsés par l'épaississement de certains haies ou la progression végétale des ripisylves. La quantité de haies, de bosquets et d’arbres isolés dans les parcelles viticoles s'est nettement réduite et des villages ont progressé de manière indépendante sur les versants. Ainsi, la diminution de ces continuités végétales fragmente peu à peu le paysage de la vallée du Grenet. Les connexions fonctionnelles entre les habitats sont minces, certains milieux se referment, s'isolent, un mitage forestier se crée accentuant ainsi l'homogénéisation paysagère du bassin versant.

La comparaison des paysages d'aujourd'hui avec les anciennes cartes postales du début du XXème siècle confirme les observations réalisées précédemment.

Carte postale de l'Eglise. Gauriac, début des années 1900.

carte postale gauriac l'eglise photo.jpg

Photographie de l'Eglise. Gauriac, décembre 2022

Carte postale du chemin menant à l'Eglise. Gauriac, 1908.

carte postale gauriac église 2 photo.jpg

Photographie de la route menant à l'Eglise. Gauriac, décembre 2022

En effet, ces photo-comparaison nous dévoile les usages et le contexte paysager de cette époque. Des haies, composées ici majoritairement d'une strate armée et buissonnante, étaient utilisées pout délimiter et protéger les cultures. Les fossés le long des chemins en terre sont plus profonds et des arbres isolés viennent ponctuer le paysage.

Carte postale de l'Eglise vu depuis le haut des vignes. Prise sur Sartre, Gauriac, début des années 1900.

Carte postale de l'Eglise vu depuis le haut des vignes. Gauriac, janvier 2023.

Cette dernière carte postale est révélatrice des anciennes pratiques agricoles de polycultures des viticulteurs. Appelé joualle cela consister à associer la vignes à une strate arborée qui, en plus de servir de support à cette liane permettrait selon les essences choisies, d'offrir des ressources supplémentaires tout en diversifiant la culture. Ainsi, les vignerons alternent sur une même parcelle des rangées de vignes et d'arbres fruitiers, parfois plantés en alignement comme en isolé.

Toutes ces évolutions agricoles dévoilées par ces documents sont principalement dues au remembrement instauré par une loi en France en 1941. Destinées à favoriser les gains de productivité dans l’agriculture, le remembrement vise à regrouper le parcellaire dispersé des exploitations, à repenser les voies de desserte tout en éliminant les obstacles à la mécanisation (bosquets, linéaire de haies, mares). Ainsi, au fil du temps les paysages ruraux ont été profondément transformés par la modernisation des exploitations. À l’inverse, la déprise agricole a progressée sur les parcelles de terre devenues trop contraignantes pour le nouveau modèle agricole, la pratique du paysage herbagé se fait plus rare favorisant l'enfrichement et le développement de boisements dans les vallons étroits en bordure de ruisseau.