Transition énergétique : enjeux paysagers du parc forestier des Deux Rives
Avec l’arrêt de deux des quatre réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais à court terme et son démantèlement complet à plus ou moins longue échéance, le territoire de la Communauté de Communes de l’Estuaire entre de plain-pied dans la transition énergétique. La vision de cette transition reste la vision d’une production centralisée de grosses structures, impliquant conjointement monumentalité et disparition de la production des énergies du regard des habitants et des paysages du quotidien.
Une réflexion plus profonde doit être menée pour reterritorialiser cette production d’énergie dans les paysages de l’ordinaire et les circuits courts, faute de solution miracle, afin d'au moins d’arriver à une autonomie partielle en énergie véritablement durable.
Nous avons donc mené à travers cette étude une réflexion sur les paysages de l’énergie, afin de les questionner, et d’envisager leurs évolutions.
Les unités paysagères de la CCE
Carte des unités par code couleur
Les mosaïques sont des territoires caractérisés par une mixité de milieux : pâturages, parcelles boisées, cultures… On y retrouve des arbres sous de multiples formes, qui s'imbriquent les uns aux autres.
Les mosaïques
Moulin de Vignolles
Pâturage en forêt
Les ripisylves
La ripisylve correspond à l'ensemble des formations boisées (arbres, arbustes, buissons) et herbacées qui
se trouvent aux abords d'un cours d'eau. Les ripisylves présentent une strate arborée importante.
Coupe de la Livenne
Ripisylve de la Livenne
Les coteaux
Sur les coteaux, le relief est plus marqué. On retrouve des parcelles cultivées de pins maritimes, des bosquets de mélange de feuillus et de résineux, ainsi qu’un grand nombre de parcelles à l’abandon et/ou de friches.
Des cultures de vignobles rythment le paysage.
Vignes marquées par le relief
Le massif de la Double
Le massif de la Double est constitué de grandes parcelles de pins maritimes, une culture monospécifique rythmée par des coupes rases. Entre ces parcelles se trouvent quelques champs et exploitations agricoles avec des arbres isolés.
Le marais
Le marais est un territoire plat, caractérisé par la présence de quelques arbres isolés, de quelques haies et taillis délimitant les parcelles agricoles et les pâturages, ainsi que de grands pylônes verticaux très présents visuellement.
Coupe de pinède
Entrée vers la Double
Canal en bord de route
Vue sur les pylonnes de la Centrale
L'exploitation énergétique du territoire
Exemple de panneaux solaires de la CCE
Sur le territoire, on peut observer l'exploitation des énergies, qui se traduit par différents paysages.
L’énergie solaire est ainsi exploitée par des panneaux photovoltaïques. Ils occupent de grands espaces et se remarquent par vue satellite par de grandes taches noires.
Grâce au vent, des moulins produisaient de l’énergie, à vent ou à eau, ils utilisaient les énergies du territoire pour fonctionner (en hauteur pour capter le vent, ou grâce à la puissance des cours d’eau).
La force animale fait également partie des énergies présentes dans le territoire avec une agriculture importante. L’exploitation des énergies éoliennes et photovoltaïques, en plus de crisper le débat, se montre faussement durable en délocalisant la pollution ailleurs sur la Terre.
Le moulin de Vignolles
La Livenne
Cette étude paysagère nous a permis d’appréhender le potentiel énergétique du territoire.
Nous avons voulu nous diriger vers une ressource déjà présente et exploitée sur le territoire, et y intégrer la dimension durable.
Les espaces boisés, présents sous différentes formes, peuvent alors constituer une ressource exploitable à grande échelle.
Sur ce territoire, les arbres dessinent des paysages de différentes formes qui peuvent être utilisés en tant que bois-énergie.
Bois hors forêt
Le bois hors forêt est présent de manière disparate, en groupe ou isolé. Il prend forme de bosquet détaché du massif, d’arbre champêtre...
Massif forestier
Le massif forestier forme un territoire dense de parcelles de cultures monospécifiques de pins maritimes.
On le retrouve à l’est de la CCE, entre Marcillac et Reignac.
Agroforesterie
L’agroforesterie est présente sur ce territoire à l’échelle d’exploitations, sous forme de haies champêtres et d’arbres isolés.
CO 2
Oxygène
Habitat pour la biodiversité
Filtre rivière
Protection et assainissement des sols
La forêt, au-delà de sa dimension paysagère et énergétique, constitue aussi un milieu écologique à part entière avec ses différentes composantes, la végétation, l’eau et le vivant. La forêt a aussi des rôles écologiques importants, elle apporte de l’oxygène nécessaire à la vie et absorbe du dioxyde de carbone.
Ce milieu écologique est par conséquent indissociable à la vie et c’est pourquoi prendre en compte la dimension écologique lorsqu’on étudie une forêt est essentiel. De plus, elles protègent et assainissent les sols, mais aussi l’eau comme le ruisseau de la Livenne et l’Egron filtrés par les arbres. Cette forêt constitue un refuge pour la faune et la biodiversité terrestre. La forêt est aussi un lieu de vie pour les Hommes, ils s’y promènent, y chassent ou cueillent des fruits.
La forêt constitue donc un véritable habitat pour la faune et la biodiversité terrestre, mais aussi dans une certaine mesure pour l’Homme, car la forêt est indissociable de la vie.
Un massif au coeur de la Double Saintongeaise
Coupe rase
Plantation pins maritimes
La Livenne
Route DFCI
Boisement
spontanné
Bloc du massif forestier au 1/250ème
N
Ruisseau du Pas de l'Égron
Autoroute A10
Pour s'axer sur la filière bois énergie nous avons trouvé judicieux de se focaliser sur le massif forestier, car il possède déjà une filière bois énergie développée et active. Ces éléments nous permettent d'approfondir le sujet bois énergie et d'interroger les pratiques de plantation et gestion actuelles.
La forêt des Deux Rives se situe à l’extrême ouest du massif de la Double Saintongeaise, une région forestière située au sud du département de la Charente-Maritime, au sud-ouest de la Charente et au nord-est de la Gironde. Avec un sol sableux limoneux, ces paysages ne sont pas sans évoquer ceux de la forêt des Landes de Gascogne. Le territoire choisi est essentiellement constitué de paysages diversifiés, de boisements spontanés et de parcelles de cultures monospécifiques avec l’exploitation du pin maritime.
Une mosaïque de paysages diversifiées
Nous avons décidé de nous concentrer à l’échelle de cette forêt, car elle présentait déjà une filière de bois-énergie, à l’échelle de propriétés.
La forêt présente différents espaces aux qualités paysagères intéressantes.
On observe des parcelles très denses peu entretenues, composées de chêne, robinier parfois de pins maritimes avec une strate arbustive assez importante..
A contrario, nous avons aussi rencontré des parcelles très entretenues et ne présentant pas de strate arbustive ni de strate herbacée.
La forêt étant exploitée par une filière bois-énergie peu durable, il existe aussi des parcelles rasées, ou subsistent des débris de coupe rase.
Ces espaces de vide permettent d’ouvrir le paysage sur les vastes parcelles agricoles et la distillerie de Marcillac, ainsi, ils permettent aussi de laisser rayonner la lumière dans la forêt.
La forêt est organisée autour des grands chemins, qui créaient de longues perspectives dans le paysage.
L’étude paysagère du site nous a permis de comprendre que nous avons aujourd’hui dans cette forêt une exploitation de bois-énergie avec un système de culture monospécifique avec coupe rase.
Or, ce type d’exploitation ne prend pas en compte la dimension paysagère (avec des parcelles qui se retrouvent nues).
D’autre part, la forêt est aussi un milieu et nous voudrions donc mettre en place une exploitation durable du bois-énergie. Le projet consisterait alors à changer la forêt monospécifique en une forêt plurispécifique avec des futaies irrégulières, cela veut dire changer les pratiques de plantation et les méthodes de gestion pour privilégier la coexistence de plusieurs arbres de différents âges, tailles et diamètres, pour assurer une mixité de peuplement et renforcer de manière naturelle la vigueur de la parcelle forestière concernée.
Il faudrait donc instaurer une gestion différenciée appliquée à la forêt.
Résultat de forêt monospécifique avec la coupe rase
Résultat de forêt plurispécifique avec la coupe sélective
Carte mosaïque à partir de vue satellite/ carte de restructuration à partir de Géoportail au 1/1000
La carte révèle un maillage parcellaire très fin, irrégulier et discontinu. On identifie un mélange de différents types de paysages arborés, notre volonté est donc,de créer une gestion commune pour promouvoir un paysage plus homogène tout en gardant sa filière de l’énergie.
Dans ce contexte, nous avons pris connaissance d’une restructuration foncière forestière du massif.
Un Parc Forestier avec une gestion commune
La Communauté de Communes de l’Estuaire s’est engagée, depuis 2003, dans la restructuration amiable à base d’échanges, de cessions ou de ventes de parcelles des propriétaires volontaires. La restructuration consiste alors à regrouper des propriétés forestières afin de diminuer le morcellement qui est un frein à la valorisation du massif forestier.
Ainsi, pour perdurer dans cette idée d'unité et de gouvernance commune, nous avons fait le choix d'un parc forestier. En effet, nous voulons créer une unité entre ces différentes parcelles afin de constituer une véritable forêt collective avec une gestion communautaire.
Cette carte rend compte de la proximité de la forêt avec la métropole et donc de son attractivité pour les Bordelais, créant ainsi un parc avec un intérêt récréotouristique.
En effet, le Parc forestier des Deux Rives prend la forme d’un “bras” forestier, encadré au Nord par la Livenne, au Sud par le ruisseau du Pas de l’Egron, à l’Ouest par l’autoroute A10 en rouge et à l'Est par la départementale D253 en violet. Le choix de ces limites est d’un côté stratégique, puisque les deux axes routiers permettent de desservir le parc ; et paysager, avec les ripisylves créées par la Livenne et l’Egron. Ces deux cours d’eau qui bordent le parc sont à l’origine de son nom.
La partie à l’ouest de l’A10 est incluse au parc, car actuellement, une zone industrielle, notre volonté est d’éviter son expansion en lui accordant également le titre de forêt collective.
Marcillac
Reignac
Blaye
Bordeaux
Le cheminement du parc
Plan du parc avec vue satellite/ carte de cheminement à l'échelle 1/250
Les entrées du parc sont aménagées dans des endroits stratégiques, aux abords des principaux axes routiers (A10, D253…) permettant un bon accès aux véhicules et une proximité des parkings ; ainsi qu’au niveau des hameaux aux abords du parc, accessibles par voies piétonnes. Par exemple, au nord, l’entrée au niveau du moulin de Regignon est aménagée d’un bief et d’un espace de restauration, pouvant accueillir les visiteurs.
Entrée Sud
Zone de stationnement Nord Ouest
Entrée au Moulin de Reguignon
Le parc forestier des Deux Rives, en s’adressant premièrement aux habitants des communes voisines, à une ouverture à l’échelle communale. Il offre aux habitants locaux un large champ de promenades, quotidiennes ou ponctuelles. Il répond à plusieurs attentes telles que faire du sport ou promener son chien. À 60 km de Bordeaux, le parc forestier des Deux Rives à aussi une ouverture à l’échelle de la métropole.
Le but serait de proposer des promenades culturelles et des nuits atypiques en immersion dans les parcelles boisées, afin d’attirer un public bordelais sur un week-end par exemple. Cela pourrait permettre de créer une nouvelle relation entre une population citadine et un milieu naturel, en leur faisant prendre conscience, par cet écosystème humide, de l’importance de la nature, et des enjeux à venir, notamment énergétiques et climatiques. Pour créer ce “tourisme éducatif”, des panneaux seront disposés en fonction des parcours de promenade, expliquant autant l’histoire, la biodiversité, que le processus de bois-énergie et ce qui en fait sa durabilité.
De manière à adopter une stratégie touristique, une Maison du parc est créée non loin du principal parking (proche de l’échangeur). Elle a vocation à accueillir, informer, et faire la promotion des activités en lien avec le territoire.
Le parc pourrait ainsi offrir de nouvelles activités économiques dans le territoire de la CCE en attirant des touristes dans les propriétés agricoles, les restaurants et divers commerces aux alentours.
Route DFCI servant de sentier pour le parc
les Refuges
Refuge du Bruit du Frigo, le "Tronc creux", Pessac
Refuge du inspiré du Tronc creux
Coupe du refuge inspiré du Tronc creux
Le refuge du Tronc creux est un inspiré de celui de Bruit du Frigo. Il se niche au bord de la Livenne et vient accompagner le dénivelé du site. Il prend la forme d’un tronc qui aurait été laissé, oublié lors d’une coupe. Il vient ainsi créer un lieu particulier, en s’intégrant entre les arbres et en invitant à découvrir les abords de la Livenne.
Par sa place dans le relief, il est coupé du son de l'autoroute.
Le refuge de la palombière se situe sur la cime des arbres, permettant de créer un observatoire sur la mosaïque des paysages. Son architecture s’inspire de celle de la palombière, s’intégrant ainsi dans le paysage.
Les refuges se situent près des chemins, mais invitent à découvrir la forêt hors des sentiers battus.
Ils permettent de véritables escapades périurbaines dans un cadre calme et détendu.
le Land Art
Refuge de la palombière
Proposition d'une réalisation de Land Art
Oeuvre d'après Jaume Plensa
"Hello Apollo" dans le parc forestier
En s’appuyant sur les exemples de la Forêt d’art contemporain des Landes et du Centre International d’Art du Paysage (CIAP) de Vassivière, un concours d’artistes pourrait être organisé afin d’intégrer des oeuvres de land art aux paysages, et les connecter dans une randonnée.
Le parc des Deux Rives pourrait ainsi être en partenariat avec des opérateurs culturels locaux tels qu'ALEA (Art Littoral et Environnemental Association) et L’Agence Créative, deux associations girondines qui s'orientent vers de nouveaux projets en lien avec l'environnement et l'art pour participer à la valorisation des richesses du territoire pour et par ses habitants avec des créations seraient en lien avec la CCE.
"Hello Apollo", Marine Julié, dans la forêt d'art contemporain des Landes
Enjeux d'ouverture
La création de ce parc doit répondre à plusieurs enjeux, notamment la rencontre entre visiteurs et habitants.
Par exemple, situé sur une réserve de chasse, des accords devront être trouvés pour diminuer la période de chasse et/ ou fermer les refuges, voire le parc, pendant ces périodes de chasse. Il en est de même vis-à-vis des forestiers, lors de coupes par exemple. Il faudrait mettre en place un calendrier afin d’organiser et maintenir un lien entre ces divers acteurs de manière pérenne.
Afin de valoriser ce patrimoine arboré, de créer un lien social, et de relocaliser la production d’énergie en lien avec tous les bénéfices qu’apporte l'arbre, nous avons réfléchi à de nouveaux types de Gouvernance.
La création d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) aurait le mérite de lancer une dynamique qui regrouperait tous les acteurs du bois-énergie (du particulier aux agriculteurs en passant par les collectivités et les associations). Elle permettrait de créer des outils (comme des plans de gestion), des formations et des animations. Elle permettrait aussi aux habitants et à tous les acteurs de maîtriser toute la filière du bois énergie.
L'installation d'un GIEEF (Groupement d'Intérêts Économique et Environnemental Forestier) est un regroupement volontaire de propriétaires forestiers privés. Les propriétaires forestiers ainsi regroupés pourront faire appel à un gestionnaire commun. Cela permet de créer une homogénéité de gestion des parcelles et aussi un lien social entre les propriétaires.
À travers cette étude, nous avons pu mener une réflexion sur les paysages de l’énergie qui nous a permis de construire un regard sur ces paysages. Nous avons ainsi un regard un peu plus critique sur les énergies dites renouvelables. Dans un deuxième temps, nous avons pu appréhender la question de la forêt par son enjeu énergétique, avec la filière bois énergie. Cependant, cette étude nous a aussi permis de comprendre que la thématique de la forêt est complexe et présente de nombreux enjeux, avec la dimension paysagère mais aussi écologique, la forêt étant un milieu écologique.
L'équipe
Julia, Antoine, Leif, Zélie, Damien
La filière bois énergie, vecteur de nouveaux paysages
L’arbre est donc à l’origine d’un maillage de paysages qu’il permet de relier et structurer. Il est une véritable ressource locale qui assure des fonctions importantes sur ce territoire, notamment écologiques en créant des corridors écologiques, en améliorant la qualité des sols et des eaux. Dans une dynamique de relocalisation de l’énergie, on peut donc réinterroger la place de l’arbre sur ce territoire tout en favorisant des paysages agréables, attractifs, respectueux de l’environnement et productifs. C’est dans ce contexte que nous souhaitons développer la filière bois énergie sur ce territoire.
Le bois-énergie repose sur l’exploitation du potentiel énergétique de la ressource en bois (forêts, bocages, déchets de l’industrie du bois…) pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité.